Rural & Ressources — Cartes illustrant les relations entre pressions des activités humaines et états de l’environnement
Consommation d’engrais agricoles dans les pays méditerranéens, 2016
La consommation moyenne d’engrais des pays du bassin méditerranéen a augmenté de 10 % entre 2002 et 2016, passant de 160 kg par hectare à 174 kg par hectare de terre arable (World Bank, 2020).
Cette moyenne présente des différences notables, allant de 8 kg par hectare en République arabe syrienne à 649 kg par hectare en Égypte (World Bank, 2020). Dans environ un tiers des pays méditerranéens, la consommation moyenne d’engrais est supérieure à la moyenne mondiale de 141 kg par hectare de terre arable (World Bank, 2020).
Utilisation de pesticides pour l’agriculture dans les pays méditerranéens, 2016
La consommation de pesticides dans le bassin méditerranéen varie largement selon les pays. En 2016, l’utilisation moyenne de pesticides en kilogramme par hectare de terre de culture était inférieure à ou proche de la moyenne mondiale…
dans la plupart des PSEM, à l’exception d’Israël, du Liban et de l’État de Palestine, et généralement supérieure dans les PNM.
Interdictions totales et partielles et taxes sur la fabrication, la distribution gratuite et l’importation de sacs en plastique
Les sacs en plastique à usage unique ont généralement fait l’objet d’interdictions et de mesures dissuasives, comme le montre cette carte. Ils sont toutefois persistants, comme d’autres éléments iconiques tels que les mégots.
Population rurale en 2018
Presque tous les pays méditerranéens sont caractérisés par un déclin du taux de croissance annuel de la population rurale, à l’exception de l’Égypte (+ 2 %), de l’État de Palestine (+ 1,8 %), de Malte (+ 1 %), d’Israël (+ 0,9 %), de Chypre (+ 0,9 %) et de la Tunisie (+ 0,2 %).
Le déclin de la population rurale en termes absolus est un phénomène sans précédent dans des pays tels que l’Algérie (-0,4 %), ou même dans des pays ayant une population rurale élevée tels que la Croatie (-1 %), le Monténégro (-1 %), la Slovénie (-0,5 %), l’Albanie (-2,4 %) et la Turquie (-0,5 %). L’Égypte reste de loin le pays où le monde rural et paysan connaît la croissance démographique la plus remarquable. Avec un taux de croissance annuelle de la population rurale de 2 %, l’Égypte est passé de 35 millions de personnes vivant en zone rurale en 1995 à environ 56 millions en 2017 (FAO, 2018 ; World Bank, 2019). La République arabe syrienne, qui comptait à peine 3 millions de personnes en zone rurale en 1960, en comptait plus de 7,2 millions en 1995 et 9,7 millions en 2016.
Ressources en eau renouvelables totales par habitant en Méditerranée, 2017
Les ressources en eau renouvelables totales (Total Renewable Water Resources, TRWR) sont inégalement réparties dans les sous-régions méditerranéennes : 67 % se situent au Nord, 10 % au Sud, et 23 % à l’Est, dont plus de 20,5 % en Turquie (FAO, 2016a).
Ces hétérogénéités sont encore accentuées par la croissance démographique irrégulière, la population stagnant dans le Nord riche en eau et continuant d’augmenter dans le Sud pauvre en eau. Avec moins de 500 m3 par habitant et par an, l’Algérie, Israël, la Libye, Malte, l’État de Palestine et la Tunisie sont confrontés à une pénurie d’eau absolue. Avec plus de 500 m3 mais moins de 1 000 m3 par habitant et par an, Chypre, l’Égypte, le Liban, le Maroc et la République arabe syrienne sont considérés comme des pays où l’eau est rare (FAO, 2016a). La majeure partie de la population des PNM bénéficie d’un approvisionnement en eau assuré, certains pays étant considérés comme vivant dans le confort lié à la profusion d’eau, à l’instar des Balkans.
Prélèvements en eau par secteur et par habitant dans les pays méditerranéens en 2016
Le niveau de stress hydrique diffère toutefois selon les pays, divisés en trois groupes :
• l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Libye, la République arabe syrienne et la Tunisie exploitent plus de 80 % de leurs ressources en eau renouvelables disponibles et leur niveau de stress hydrique tend vers une grave pénurie d’eau ;
• Chypre, le Liban, Malte, le Maroc, l’Espagne et l’État de Palestine, avec une exploitation proche de 50 % forment un groupe de pays présentant un risque de pénurie à l’avenir ;
• l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la France, la Grèce, l’Italie, la Slovénie et la Turquie exploitent moins de 30 % de leurs ressources
en eau renouvelables disponibles, avec des disparités locales (sous-nationales).
Perte et augmentation de la superficie des eaux de surface libres et nombre et capacité des barrages
L’augmentation du nombre de barrages dans les pays méditerranéens et de leur capacité, de même que l’évolution de la couverture des sols et la pollution croissante, ont un impact considérable sur les écosystèmes en aval et les services qu’ils fournissent…
Les infrastructures de régulation des débits influençant les interactions entre la mer et les terres (en particulier la connectivité écologique) sont souvent associées aux développements agricoles, à l’énergie, et à l’approvisionnement en eau, nécessitant par conséquent une gestion intégrée.
Part de l’eau virtuelle bleue exportée des pays méditerranéens, période 1996-2005 (en pourcentage de la totalité de l’eau bleue consommée dans le pays)
Parmi les pays en voie de pénurie d’eau qui ont une dépendance à l’eau extérieure élevée se trouvent Malte (92 % de dépendance), Israël (82 %), le Liban (73 %) et Chypre (71 %). Tous les pays qui ont une empreinte eau extérieure élevée ne sont pas en voie de pénurie d’eau…
Dans cette catégorie se classent les pays du Nord de l’Europe comme la Slovénie. Ils dépendent de ressources en eau douce ailleurs, mais leur forte dépendance n’est pas associée à un manque de ressources en eau. Ces pays ont largement de la place pour développer leur production agricole et ainsi réduire leur dépendance en eau extérieure (Mekonnen & Hoekstra, 2011). Un certain nombre de pays méditerranéens réduisent l’utilisation de leur ressource en eau nationale (eau bleue) en important des produits industriels et agricoles qui seraient trop gourmands en eau s’ils devaient les produire eux-mêmes. Les importations en eau virtuelle associées au commerce international de produits agricoles ou à d’autre utilisations de l’eau peuvent résoudre les crises et les pénuries en eau. Une première quantification des flux d’eau virtuelle liés aux échanges de produits agricoles des pays méditerranéens indique que pour certains pays, les importations d’eau virtuelle sont supérieures aux ressources en eau nationales exploitables (Fernandez, 2007). Cette analyse révèle également que certains pays connaissant des situations de tension sur leurs ressources en eau exportent une part non négligeable de leur eau d’irrigation (eau bleue). Les politiques en matière de commerce et de sécurité alimentaire ont donc un impact sur les flux d’eau virtuelle et les utilisations de l’eau. Dans les PNM, Chypre, la Grèce et l’Espagne sont exportateurs nets d’eau virtuelle bleue. L’Espagne en particulier exporte de grandes quantités d’eau virtuelle (Mekonnen & Hoekstra, 2011). Si l’on considère l’eau virtuelle globale, notamment les eaux bleues, vertes et grises, Chypre, la Grèce et l’Espagne sont en général importateurs nets. Dans l’Est de la Méditerranée, la Turquie est un exportateur net d’eau bleue et le premier exportateur d’eau virtuelle bleue de la région méditerranéenne. Dans le Sud de la Méditerranée, l’Égypte et le Maroc sont les pays qui exportent le plus d’eau virtuelle bleue, tous les deux étant également des exportateurs nets d’eau bleue virtuelle (Mekonnen & Hoekstra, 2011). Les échanges inter-méditerranéens d’eau virtuelle sont faibles par rapport aux échanges avec le reste du monde. La région méditerranéenne est le premier importateur mondial de céréales. La dépendance à l’égard des importations constitue un risque majeur pour la sécurité alimentaire.
Importations totales de blé et méteil dans les pays méditerranéens, 2015
La carte montre les volumes d’importation de blé entre 2011 et 2013, qui figurent parmi les plus élevés dans le monde (particulièrement l’Égypte, plus grand importateur mondial), le taux d’autosuffisance pour le blé tendre, et l’origine des importations de blé…
La part des importations provenant de la région méditerranéenne était plus importante dans l’ouest que dans l’est pendant la période 2011-2013.
Le déficit de la production agricole est essentiellement dû aux conditions agroclimatiques et à l’insuffisance des superficies arables (voir ci-dessus) et des ressources en eau. L’agriculture méditerranéenne, particulièrement dans les pays du Sud, est confrontée à une autre difficulté que sont les précipitations moyennes. Les pays du Sud sont affectés par des conditions naturelles qui sont généralement plus dures pour l’agriculture. Les ressources en eau sont rares et l’extension des terres irriguées est partout limitée par des pratiques agricoles non durables et une utilisation intensive de l’eau, ce qui génère l’épuisement des eaux souterraines et la salinisation des sols en raison de l’absence de drainage.
Balance agricole et taux de dépendance aux céréales des pays méditerranéens
Les acteurs principaux des échanges agricoles mondiaux sont, en Méditerranée, les pays du Nord (Espagne, France, Italie et Grèce), trois pays d’Afrique du Nord (Maroc, Égypte et Tunisie) et la Turquie à l’Est…
Enfin, la Croatie et la Slovénie en Europe de l’Est, Israël et, dans une moindre mesure, le Liban au Moyen-Orient, exportent des fruits et des légumes dans l’ensemble de l’Europe et du monde. Même si la France est l’un des principaux exportateurs de céréales et de produits laitiers, tous les pays méditerranéens, à l’exception de la Croatie et de la Turquie, enregistrent un déficit céréalier net et affichent un taux de dépendance aux céréales élevé.
Évolution du nombre de fermes biologiques dans les pays méditerranéens
Entre 2006 et 2017, le nombre d’exploitations pratiquant l’agriculture biologique a fortement augmenté en Croatie, en Égypte, en Espagne, en France, en Slovénie, en Tunisie et en Turquie. Une meilleure gestion des sols entraînerait leur enrichissement en matière organique, grâce à l’agroécologie, l’irrigation et la protection des terres.
Impact sur la santé des services d’eau et d’assainissement inadéquats dans les pays méditerranéens, 2015-2016
Les problèmes d’assainissement et d’accès à l’eau ou d’hygiène augmentent l’incidence des maladies diarrhéiques. La plupart des décès dus à la diarrhée dans le monde (60 %) sont provoqués par l’eau non potable et des conditions d’assainissement et d’hygiène inadéquates (Prüss-Üstün et al., 2016)…
La mortalité due à l’eau non-potable et aux conditions d’assainissement et d’hygiène inadéquates est relativement faible dans les pays méditerranéens, les taux les plus élevés étant enregistrés dans la République arabe syrienne (3,7 décès pour 100 000 habitants9 121, à comparer à la moyenne mondiale de 11,7 décès pour 100 000 habitants). La figure ci-dessous montre l’impact sanitaire de services d’eau et d’assainissement inadéquats dans les pays méditerranéens. La mortalité attribuée à l’insalubrité de l’eau et de l’assainissement et au manque d’hygiène est la plus élevée dans les pays où l’accès à l’assainissement est le plus faible.